[Dossier] Retour des Jeux Olympiques et Paralympiques (partie 1)

Témoignages de sportifs villeneuvois ou issus de clubs villeneuvois à leur retour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Anne-Sophie Centis – Paracyclisme

Les Jeux Paralympiques de paris 2024 sont terminés pour Anne-Sophie Centis.

La Villeneuvoise était sélectionnée avec l’équipe de France de paracyclisme en tandem. Pour rappel, Anne-Sophie est non voyante. Son pilote est Elise Delzenne.

Les Jeux Paralympiques ont commencé pour Anne-Sophie par le parcours relais de la flamme Paralympique à Valenciennes le 25 août dernier. Elle était accompagnée pour ce relais par Patrick Lemaire, son ancien entraineur de l’ACVA. Elle a ressenti lors de ce relais une ferveur intense de la part du public. Elle était fière d’y participer pour le public et ses proches.

Puis les choses sérieuses commencèrent : Anne-Sophie et sa pilote Elise sont sélectionnées pour trois épreuves : la poursuite sur piste, le contre la montre et la course en ligne sur route.

Dans le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, l’ambiance était folle. Au départ, Anne-Sophie entendait scander son prénom. Malheureusement elle déchausse à la poussée. Cela ne lui arrive jamais. Elle arrive à reclipser et prévient sa pilote. Malheureusement, avec la ferveur du public, Elise n’entend pas Anne-Sophie et, croyant à un problème mécanique, descend sur la partie grise. Le starter arrête la course. Les officiels, malgré l’intervention du staff de l’équipe de France, disqualifient le tandem français. C’est la douche froide. Anne-Sophie et Elise sont dévastées. Anne-Sophie nous dit : “Pendant 48 heures ce fut le désespoir et des pleurs et puis le lundi matin nous avons discuté Elise et moi. Nous nous sommes remobilisées pour les deux autres courses à venir, tout d’abord pour nous car nous avions obtenu cette sélection Paralympique et puis pour nos proches, nos partenaires qui nous soutiennent et pour le public français qui était derrière nous”.

Deux jours plus tard, c’était la course contre la montre sur route (29 km). Les équipages britanniques et irlandais étaient très forts. Malgré leur belle performance, Anne-Sophie et sa pilote terminent à la quatrième place. Deux jours plus tard c’est la course en ligne sur le parcours de Clichy-sous-Bois. Le tandem français, deux anglais et deux irlandais se détachent rapidement. Puis les trois favoris s’envolent à la mi-course. Anne-Sophie et Elise prennent du retard mais gardent espoir pour la quatrième place. Malheureusement, elles subissent encore un aléa technique avec le déraillement de la chaîne dans la dernière bosse au moment de leur attaque. Anne-Sophie et Elise terminent alors cinquième de l’épreuve. Malgré cela, Anne-Sophie réalise qu’elle a accompli sa meilleure course en ligne. Les allures, les watts font qu’elle et sa pilote n’ont rien à se reprocher. 

Anne-Sophie relève une nouvelle fois la ferveur du public : “Le public nous a portées tout au long de l’épreuve, nos proches étaient avec nous sur le trajet. Je savais que sur nos lieux de travail, des écrans avaient été installés. Nous l’avons ressenti, ce qui nous a permis de réaliser une très belle course”.

Anne-Sophie retient de ces Jeux Paralympiques la ferveur du public mais aussi la présence des médias, la sollicitation. Elle se souviendra de la cérémonie de clôture pleine d’émotion, de son passage au club France où 8 000 personnes ont acclamé les athlètes. Elle se souviendra également des bénévoles qui, tout au long des Jeux Paralympiques ont guidé, supporté et aidé les athlètes. 

Pour elle, c’est la preuve qu’il y a une évolution positive sur la perception du handicap. Anne-Sophie nous précise : “Ces Jeux Paralympiques ont été une parenthèse enchantée. Maintenant, il faut que ça continue. Les clubs doivent accueillir le handicap, les porteurs de handicap doivent pratiquer du sport. Les média, les partenaires doivent continuer à soutenir le Para sport”.

Au retour des Jeux, Anne-Sophie récupère psychologiquement et physiquement. Ses déboires de la piste sont encore présents et il faudra du temps pour “digérer” et repartir de l’avant.

Pour la suite, Anne-Sophie recherche une nouvelle pilote car Elise Dezenne arrête la compétition. C’était prévu. Plusieurs pistes se présentent. Elle se donne quelques semaines pour aboutir à un nouvel équipage. Puis ce sera à nouveau les compétitions et elle l’espère, les championnats du Monde de 2025 qui se dérouleront en Belgique.


Bernadette Sanz – Juge arbitre

“Lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, j’ai vécu une expérience mémorable et enrichissante. En tant que membre essentiel de la compétition, j’étais fière de représenter mon pays et de faire partie d’un événement d’une telle envergure. Ma responsabilité dépassait le simple fait de faire respecter les règles ; je devais être un modèle de fair-play et d’intégrité.

Dès mon arrivée au village olympique, j’ai été frappée par l’effervescence et l’énergie qui régnaient. Le village accueillait des athlètes et des juges de toutes nationalités. C’était un lieu où les frontières s’effaçaient. J’ai eu l’occasion d’approcher des athlètes de renommée mondiale. J’ai également observé des gestes de solidarité et de respect, renforçant ma conviction que le sport est un vecteur puissant d’unité. Les cérémonies de remise des médailles étaient particulièrement émouvantes, ressentant la fierté et l’émotion des athlètes.

Les Jeux Paralympiques m’ont apporté une dimension unique. J’ai été touchée par la détermination et la résilience des athlètes paralympiques. Chaque compétition était une célébration de la force humaine, où les limites étaient repoussées et les préjugés défiés. Gérer un événement de cette ampleur requiert une orchestration minutieuse. Je faisais partie d’une équipe multidisciplinaire, travaillant en étroite collaboration avec des coordinateurs, des médecins, des techniciens, les médias et d’autres arbitres. Un héritage durable.

À mon retour, je suis rentrée chez moi avec un nouveau regard sur le sport et la vie. Inspirée par mes expériences, j’ai commencé à organiser des séances de sensibilisation pour les jeunes, leur transmettant l’importance de l’éthique sportive et de l’inclusion. Mon souhait est de transmettre non seulement mon savoir-faire, mais aussi l’esprit olympique.

En somme, mon expérience a été bien plus qu’une simple fonction d’arbitrage. C’était une immersion dans un univers où le sport transcende les frontières, et une occasion de contribuer à des souvenirs inoubliables pour les athlètes et le public. Les souvenirs des Jeux de Paris 2024 resteront gravés dans ma mémoire, comme un symbole de passion, de dévouement et d’humanité.”


Pierre-Antoine Baele – Paratriathlon

Vice-champion du monde de paratriathlon PTS4 en 2022 et 2023, Pierre-Antoine espérait une médaille lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024.

Malheureusement, la fin de course à pied a été difficile et il terminera 4e. Évidemment, c’est une grande déception pour lui. Il voulait tellement cette médaille qui aurait récompensé son investissement mais aussi tous ses proches et ceux qui l’aident au quotidien. Mais Pierre-Antoine est un champion et il s’est déjà remis en marche pour les quatre prochaines années et les Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028.

D’ailleurs durant le mois de septembre, il participera aux championnats de France et d’Europe.

De ces Jeux, Pierre-Antoine retiendra la ferveur du public, l’investissement des bénévoles et la médiatisation. Que ce soit lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, lors des compétitions ou au village Olympique, il a ressenti une véritable communion entre les athlètes, le public et les bénévoles.

Après cette parenthèse magnifique, Pierre-Antoine espère que les différents partenaires publics et privés concernés continueront le travail pour améliorer l’accessibilité des espaces publics et le développement du sport en général et pour les personnes porteuses de handicap.


René Beugin