[Dossier] Les Jeux olympiques de Villeneuve d’Ascq – 2e partie


Né le 24 février 1872 à Croix, il est arrivé à Flers Breucq en 1906 et y est décédé le 21 juin 1951. Il est inhumé au cimetière de Croix. Marié le 23 octobre 1905 à Roubaix avec Elisa Dhelft, ils ont 3 enfants : Gustave (1898), Simone (1906) et Clémence (1910). Il était contremaître en teinturerie aux établissements Hannart Frères de Wasquehal.

L’association de gymnastique « La Patriote » de Croix a vu le jour sous l’impulsion de quelques jeunes du quartier du « Créchet » et de 140 amateurs de gymnastique qui jusque-là, se réunissaient chaque soir pour s’exercer au trapèze avec « les moyens du bord ». Suite au lancement de la pétition réclamant un club et une salle dignes de ce nom, la Municipalité a validé le projet et un généreux philanthrope a pris à sa charge la construction de la salle qui fut en fonction jusqu’en 1961.

Gustave Sandras, lui aussi signataire de la pétition, intègre l’association en 1888 et ne la quittera plus.

Il débute sa très longue carrière sportive ponctuée de multiples victoires et trophées par son premier concours à Tourcoing en 1890. Il remporte le 1er prix par équipe de la région du Nord à Genève (1891/1892) puis accumule les victoires et places d’honneur départementales (de 1893 à 1900, il est notamment champion du Nord à Lille en 1886). Mais c’est l’année 1900 qui marque sa carrière sportive avec son titre de champion du monde de gymnastique lors des IIe Olympiades de Paris qui se transformera en titre Olympique suite à l’organisation chaotique des Jeux olympiques de Paris 1900 (voir encadré).

C’est sous l’impulsion de monsieur De Gency (ou Degeney selon différentes archives), entraîneur depuis 2 ans à « La Patriote », que Gustave prend conscience de ses capacités et qu’il sera sélectionné. 

L’épreuve de gymnastique générale s’est déroulée sur le vélodrome en plein air de Vincennes les 29 et 30 juillet 1900. 16 épreuves (2 pour certaines disciplines) sont au programme : barres parallèles, cheval d’arçon, saut de cheval, exercices libres et imposés au sol, barre fixe, saut à la perche, saut en hauteur, planche aux anneaux, saut en longueur, montée de corde lisse et lever de pierre de 50 kg (à soulever 10 fois). Des épreuves très diverses pour de la gymnastique générale ! Huit nations sont représentées : France (108 athlètes), Belgique (2), Bohème (1), Allemagne (14), Grande-Bretagne (4), Hongrie (2), Italie (1) et Suisse (3).

Chaque épreuve est notée 20 points et bien entendu, l’athlète ayant le plus de points est désigné vainqueur. Sur 135 compétiteurs, Gustave Sandras remporte ce championnat avec 302 points sur les 320 possibles. Il devance deux autres français : Noël Bas (295 points) et Lucien Demanet (293 points).

Voilà donc notre Gustave Sandras sacré Champion du monde et reconnu par la suite Champion olympique. Il reçut pour cette performance une magnifique statuette en bronze de 75 cm et 15 kg, réalisée par le sculpteur Georges-Ernest Saulo, représentant Atalante d’une valeur 1800 francs et une médaille d’Or d’une valeur de 500 francs (qu’il vendra plus tard afin d’acheter une mercerie pour son épouse après en avoir fait une copie en argent). 

Plus tard, il recevra également un diplôme.

Lors de son retour à Croix le 3 août 1900, c’est la liesse dans la petite bourgade qui a été pavoisée, décorée et illuminée. La municipalité a préparé un accueil grandiose à son héros et toute la population est invitée à y participer dès l’arrivée de Gustave à la gare.

Comment l’Exposition universelle est devenue les IIe Olympiades de Paris de 1900

Affiche annonçant la gymnastique

Le baron Pierre de Coubertin, qui avait lancé l’idée des Jeux Olympiques de l’ère moderne, rencontre de multiples difficultés pour l’organisation de ces Jeux à Paris. Car même si la ville est sélectionnée après les premiers JO d’Athènes en 1896, il est confronté à la concurrence d’Alfred Picard qui n’est autre que le commissaire général de l’Exposition Universelle de Paris. Ce dernier souhaite également organiser des concours internationaux d’exercices physiques et de sports.

C’est au printemps 1899 qu’un compromis est trouvé : les épreuves organisées par Alfred Picard compteront comme équivalent des épreuves des IIe Olympiades du baron Pierre de Coubertin. Aucune épreuve, ni document officiel, ni affiches ne portera le nom de Jeux olympiques. Ainsi de nombreux athlètes ayant participé aux épreuves organisées lors de l’Exposition universelle ne sauront que bien plus tard (et pour certains jamais) qu’il s’agissait de Jeux olympiques. Ce fut le cas pour Gustave Sandras qui officiellement sera champion du Monde de gymnastique, mais en réalité était Champion olympique.

L’inscription « Honneur et gloire à Gustave Sandras, le champion du monde » orne un arc de triomphe et « Vive Sandras, gloire à l’invincible gymnaste » est écrit sur trois portiques le long de sa rue de résidence. Félicité de toutes parts et porté en triomphe au rythme des tambours, de la fanfare et de la Marseillaise, la célébration de Gustave s’est terminée tard dans la nuit.

Il sera à nouveau champion de France en 1901 et sera retenu lors des Jeux olympiques de Paris de 1924 mais cette fois comme arbitre et jury. 

Il continuera à diriger « La Patriote » jusqu’à sa mort le 21 juin 1951 et sera officiel pour de nombreuses rencontres gymniques.

Sources : Wikipédia – Archives du journal de Roubaix – Almanach des sports – Le grand Echo du Nord – Le Miroir des Sports – L’Univers illustré – Le Journal Officiel. Remerciements : Françoise FLORIN, arrière petite-fille de Gustave Sandras, Patrick Despretz, président de « La Patriote », Hocine Sadsoud, responsable technique de « La Patriote », Loïc Coupas, membre de « La Patriote », Bernard Delvart, société historique de Villeneuve d’Ascq.


Principaux résultats
de Gustave SANDRAS
de 1893 à 1900

15 août 1893 à La Capelle, 1er prix

10 septembre 1893 à Lille, 1er prix

1er juillet 1894 à Neuilly, 1er prix

1er septembre 1895 à Montmartre, 18e place

8 septembre 1895 à Tourcoing, 2e place

14 juillet 1896 à Lille, champion du Nord

7 juin 1897 à Roubaix, 14e place

30 mai 1898 à Saint Etienne, 8e place

15 avril 1898 à Boulogne, 1er prix

29 octobre 1898 à Paris, 4e au championnat de France

22 mai 1899 à Dijon, 7e place

15 août 1899 à Cambrai, 2e place

4 juin 1900 à Paris, 2e place

22 juillet 1900 à Loos, 1er prix

30 juillet 1900 à Paris, champion du Monde et Olympique

Un CV impressionnant

1901
• Membre du comité directeur de « La Patriote »
• Professeur du certificat d’aptitude à l’enseignement de la gymnastique à l’école normale de Douai

1910 – 1914
• Moniteur chef du club de gym de l’Union Halluinoise

1913 – 1925
• Dirige le club « L’ancienne de Roubaix »
• Crée l’association « L’Avenir » de Flers Breucq

1928
• Officier académique

Avant 1939 il est aussi
• Directeur des cours d’EPS des écoles de Croix
• Directeur des cours des élèves moniteurs pour le Nord – Pas de Calais
• Membre de la commission technique départementale des gymnastes
• Membre fondateur de l’association des « Vieux gymnastes » du Nord – Pas de Calais
• Vice-président honoraire de la Fédération de gymnastique de Roubaix/Tourcoing et leurs cantons
• Membre du Comité directeur de l’Arrondissement Lille – Roubaix – Tourcoing

1939 • Il reçoit la médaille d’or de l’Éducation physique pour son investissement auprès des jeunes pour l’apprentissage de la gymnastique


Né le 20 août 1901 à Roubaix, a habité Villeneuve d’Ascq à partir de 1927/28 et y est décédé le 7 avril 1981.

Marié le 28 novembre 1925 à Roubaix avec Lucienne Goussen, ils ont 3 garçons et 1 fille.

Issu d’une famille ouvrière, Léon commence à travailler très jeune, comme beaucoup d’enfants à l’époque.

Il découvre l’haltérophilie vers 18 ans au club de Roubaix (URSA), club cher à un autre champion qui a participé à trois Jeux olympiques : Marcel Dumoulin (voir portrait dans Spor’ama 96). Léon progresse vite et après quelques saisons de pratique, ses performances explosent. Il est sacré champion de France en poids moyen, ce qui lui ouvre les portes de l’équipe de France pour les Jeux olympiques de Paris.

L’année 1924 a été faste pour Léon : outre son titre de champion de France poids moyen et sa sélection aux Jeux de Paris, il est recordman de France de l’épaulé-jeté à droite avec 91 kg et recordman du Monde de l’arraché du bras gauche avec 77,5 kg.

Léon arrive donc aux Jeux olympiques en confiance : il a de l’ambition et peut prétendre à une place sur le podium, sinon à une place d’honneur.

Mais la compétition ne se déroule pas comme il le souhaite. Sur les 5 mouvements de l’épreuve, il fait la 2e performance au premier soulevé, la meilleure performance au deuxième soulevé mais fait un zéro au troisième soulevé. Néanmoins Léon continue l’épreuve et réalise la 4e performance au quatrième soulevé et la 2e au cinquième soulevé. Sans son « raté » sur le troisième soulevé, il aurait été certainement très bien classé, mais il termine à la 21e place de la compétition.

Il fera encore quelques compétitions avec l’équipe de France, il participera également à des démonstrations comme à Bruxelles le 7 novembre 1925, mais arrêtera rapidement sa carrière sportive (entre 1928 et 1930) du fait de nouvelles responsabilités professionnelles. En effet Léon travaille à la « Compagnie des Tramways de Lille et sa Banlieue » et il monte les échelons pour devenir chef de service et plus tard, sous-directeur. Si son travail lui prend beaucoup de temps, il n’oublie cependant pas l’haltérophilie. D’abord pour lui, mais aussi pour ses enfants. C’est très régulièrement que la famille porte des haltères et des barres dans une pièce aménagée dans le sous-sol de la maison, au 27 rue de la Paix.

Deux de ses garçons pratiqueront d’ailleurs l’haltérophilie avec succès : Claude et Georges.

Claude, poids plume en haltérophilie, sera champion de France militaire et 3e au championnat de France juniors. Il aura également plusieurs podiums au championnat du Nord. Claude deviendra par la suite pendant trois mandats municipaux l’adjoint au Maire de Villeneuve d’Ascq, Gérard Caudron.

Georges, quant à lui, a eu une existence particulière. En effet à l’âge de 9 mois ce petit garçon contracte la poliomyélite. Il est hospitalisé de nombreuses années. C’est alors que son père, Léon, entreprend avec lui un travail par le biais du sport. Et non seulement Georges se met sur ses jambes, mais il marche ! Il pratiquera même plus tard l’haltérophilie avec son père et son frère. Il sera même recordman des Flandres au développé d’un bras.

Côté sportif, Léon sera à la tête du comité des Flandres des poids et haltères avant de laisser sa place à Marcel Dumoulin. Il continuera à travailler avec le comité pour attirer les jeunes à pratiquer ce sport difficile.

Paris 1924

Les Jeux de Paris de 1924 ont lieu du 4 mai au 27 juillet 1924. 44 Nations et 3 089 athlètes dont 135 femmes s’affrontent dans 17 sports et 23 disciplines soit 126 épreuves. Nouvelles, nations accueillies à ces Jeux : Equateur, Irlande, Les Philippines, Uruguay, Lettonie et Pologne. Le stade de Colombes accueille le défilé des délégations pour l’ouverture des Jeux.

Ces Jeux ont lancé le rituel de la Cérémonie de clôture telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cette cérémonie a pour finalité de hisser trois drapeaux : le drapeau du Comité International Olympique, le drapeau de la Nation hôte et le drapeau de la prochaine Nation hôte. 625 000 spectateurs et 1 000 journalistes ont assisté aux Jeux.

Il crée une section d’haltérophilie au sein de l’entreprise où il travaille (l’Association Sportive des Tramways de Lille et sa Banlieue) et il en sera le président et l’animateur pendant de longues années. Toute sa vie il souleva les poids et haltères, que ce fut à l’ASTL, au club de Roubaix ou dans son sous-sol.

Les membres du club de Roubaix (URSA) lui remettront une statuette en bois réalisée par le sculpteur Roubaisien, André Mahe, pour les services rendus au club et surtout à l’haltérophilie. En tant que dirigeant au comité des Flandres d’haltérophilie, il écrivit régulièrement des articles pour la revue « L’haltérophilie moderne » (par exemple il décrivit le match Angleterre/France dans la revue de février 1958).

Léon Vandeputte s’éteint à Flers le 7 avril 1981 dans sa 80e année.

Sources : Claude Vandeputte (fils de Léon Vandeputte) – Revue « L’haltérophilie Moderne »


Titres honorifiques et récompenses

• Directeur Honoraire de la Compagnie Générale Industrielle des Transports

• Administrateur Honoraire de la Grande Brasserie Moderne

• Président d’Honneur de la Ligue des Flandres d’haltérophilie et de culturisme.

• Président d’Honneur fondateur de l’AS Trams-Lille

• Chevalier de la Légion d’Honneur

• Officier d’Académie

• Commandeur du Mérite Sportif

• Officier de l’Education Sociale

• Officier du Mérite Philanthropique Belge

• Médaille d’Or des chemins de fer

• Médaille d’Or de l’E.P.S

• Médaille d’or de la Fédération Internationale et de la Fédération Française d’Haltérophilie

• Médaille d’Argent et Grande Médaille de Bronze de la ville de Lille