[Dossier] Les Jeux olympiques à Villeneuve d’Ascq – 3e partie – Grégory Jacobs

Grégory Jacobs est né le 26 août 1976 à Maubeuge. À l’âge de seize mois il est atteint d’une paraplégie incomplète. À 12 ans en 1988, il arrive au Centre Jean Grafteaux pour des soins et de la rééducation. C’est Hubert Paquet, son kinésithérapeute à l’établissement qui lui parle de l’haltérophilie handisport et très vite Grégory y prend goût.

Il se licencie en 1989 à l’association sportive du Foyer Grafteaux qui deviendra la Force Athlétique Handisport de Villeneuve d’Ascq vers 1998. Il est talentueux et devient performant en compétition.

Dès 1992 il est sacré champion de France espoirs, c’est sa première grande performance qu’il renouvellera en 1993, 1995 et 1996. Puis il entre dans la catégorie des seniors. Rien ne l’arrête et il sera champion de France OPEN chaque saison de 1997 à 2004. Et à ces performances individuelles s’ajoutent celles réalisées en équipe avec le comité Nord/Pas de Calais. Il deviendra champion de France par équipe en 1996, 2001, 2002 et 2003.

Malgré son jeune âge, grâce à ses performances il est sélectionné pour les Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996. Il remplace un autre grand athlète du FAHVA qui s’est blessé : J. Grandsire. Cette sélection reste pour lui un moment très fort. Il fête ses 20 ans à Atlanta et découvre une ville où tout est pensé pour accueillir correctement les personnes porteuses de handicap. Il y termine 10e et il est satisfait de sa performance pour une première expérience olympique. Il est impressionné par le gigantisme de la ville d’Atlanta. Il espère à cette époque que les Jeux olympiques valides et les Jeux paralympiques se dérouleront sur le même site peut-être à Sydney en 2000 ou à Athènes en 2004.

En rentrant d’Atlanta il est prêt à repartir à l’entrainement pour les Jeux de Sydney en 2000. Toujours au top de sa forme, il est à nouveau sélectionné pour différentes rencontres internationales. Il remporte l’Open de Pologne en 1998, participe à plusieurs championnats d’Europe (1997, 1998 et 1999). En 2000 Grégory est sélectionné à nouveau pour les Jeux paralympiques.

Encore un long déplacement mais cette fois-ci il est avec 3 collègues de la FAHVA (Christian Rouzé, Marie-Paule Huleux et Laurent Habouzit). La FAHVA et Villeneuve d’Ascq sont très bien représentées. D’ailleurs avant leur départ pour Sydney, la ville de Villeneuve d’Ascq les avait mis à l’honneur lors d’une réception à l’Hôtel de Ville.

Après un voyage fatiguant de 25 heures d’avion, Grégory se prépare pour sa compétition. Motivé par l’enjeu il se classe 9e. Grégory a confié son ressenti à la tribune de Villeneuve d’Ascq de décembre 2000 : “Je termine 9e dans la catégorie des moins de 75 kg et j’améliore le record de France de 5 kg avec 175 kg. Pour moi ces Jeux paralympiques sont les plus beaux. Pourtant j’ai été plus marqué par le gigantisme de la ville d’Atlanta lors des précédents Jeux. À Sydney, il y a très peu d’immeubles. Ce qui est génial, c’est que les handicapés peuvent prendre le bus, le train ou le ferry sans problème. Il y a des rampes d’accès et les bus sont à fond plat. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est le champion olympique dans ma catégorie qui a soulevé 240 kg. Je regrette seulement que nous n’ayons pas pu passer une nuit à Singapour à l’escale car nous n’avons pas pu descendre de l’avion”. 

Grégory Jacobs ne connaîtra pas la joie d’une nouvelle sélection Olympique. Mais il aura marqué l’haltérophilie handisport et son passage à Villeneuve d’Ascq et à la FAHVA.

En effet à la FAHVA, c’est le boute-en-train, le dynamiseur de l’équipe. Lui aussi est en fauteuil, mais ses malheurs n’ont pas altéré son humeur : il plaisante, il chahute; c’est lui qui anime, soude le groupe; c’est lui qu’on vient voir quand on n’est pas bien dans sa tête. C’est aussi lui le premier à soulever la fonte, à montrer l’exemple du courage, de la ténacité. 

Grégory continuera encore l’haltérophilie et aura à nouveau de belles performances avec des titres de champion de France individuel et par équipe. Et aussi une septième place aux championnats d’Europe en 2003. Mais en 2004 Grégory arrête la compétition.

Il aura fait sa scolarité à Villeneuve d’Ascq en étant au Foyer Grafteaux de 1988 à 1995 puis habitera Villeneuve d’Ascq en tant qu’adulte de 1998 à 2004.

De son sport il retiendra le travail et les entrainements difficiles mais toujours réalisés dans la convivialité avec ses collègues du club. Pour ses deux sélections paralympiques il en retient de la fierté et aussi l’honneur d’avoir porté le maillot de l’équipe de France et les couleurs de son club FAHVA, celles de Villeneuve d’Ascq mais aussi celles de Feignies, ville où il habitait en 1996 lors des Jeux d’Atlanta. 

Quand on lui demande ce qu’il dirait à un jeune sportif valide ou en handisport, il répond : “Je lui dirais de s’entrainer très fort et de se donner à 200 % car c’est une chance et un honneur de participer à une Olympiade. C’est un voyage, une rencontre avec des athlètes du monde entier, des bénévoles qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour que les Jeux soient une fête. Car le sport est avant tout une fête où il faut un bon état d’esprit de bagarre pour réaliser de belles performances mais en respectant ses adversaires”. 

Il est heureux que la France accueille les Jeux de 2024. Il espère pouvoir les suivre. Il regrette néanmoins que les sites soient dispersés sur tout le territoire, à l’inverse de Sydney où une grande partie était située près du stade Olympique.

En 2023 Grégory réside dans l’Avesnois près de sa famille et ne pratique malheureusement plus de sport.

Merci à Grégory Jacobs pour son témoignage et sa gentillesse.

René BEUGIN