[Souvenirs, souvenirs] Marie-Françoise Fourcroy – Une Ascquoise au sommet du demi-fond féminin

Marie-Françoise Fourcroy est née à Lille en 1948. Sa famille s’installe à Ascq, rue Kléber dès 1950. Elle reste à Ascq jusqu’à son mariage en 1972. Les spécialistes de la course à pied et du demi-fond l’ont connue sous son nom d’épouse : Marie-Françoise Dubois.

La maison de la famille Fourcroy

Dès son plus jeune âge, elle pratique des activités sportives diverses soit à l’école soit à l’Amicale Laïque d’Ascq. Elle se souvient d’un certain monsieur Verbeuken qui intervenait à l’école pour la pratique du basket et le grimper de corde. Elle passe toute sa scolarité primaire à l’école publique d’Ascq. À partir de la 6e, elle est élève du lycée Fénelon puis elle étudiera au lycée Pasteur à Lille. Elle prend alors le train chaque matin à la gare d’Ascq. Plus tard c’est son père Eugène Fourcroy qui la conduira, en voiture, ainsi que sa sœur et son frère. Son père était directeur départemental adjoint des Impôts. Eugène Fourcroy est très investi dans la vie associative locale d’Ascq puis de Villeneuve d’Ascq. Il sera président de l’Amicale Laïque d’Ascq et Délégué Départemental de l’Education Nationale. Il est l’un des fondateurs de l’Office Municipal de la Jeunesse et de la Culture dont il sera le trésorier de nombreuses années (voir « Ascq, autrefois et aujourd’hui » de Bernard Delvart de la Société Historique de Villeneuve d’Ascq). Marie-Françoise a pratiqué très jeune des activités sportives telles que la danse, le basket-ball, le tir avec l’Amicale Laïque d’Ascq puis la gymnastique à la Municipale de Lille. C’est sa maman Françoise Deroubaix qui incitait ses enfants à avoir une activité. Elle leur disait que, pratiquer une activité sportive ou culturelle et aussi travailler à l’école, leur donnerait leur indépendance. D’ailleurs le grand-père maternel de Marie-Françoise, Albert Deroubaix, a été culturiste et peintre artistique.

Elle fut aussi animatrice, lors de l’été 1970, du centre de loisirs sportif de l’Office Municipal des Sports mis en place par l’adjoint aux sports de l’époque et président de l’OMS, Michel Polet. Un peu plus tard, elle encadrera bénévolement la gymnastique volontaire pour l’Amicale Laïque d’Ascq.

Elle passe, en 1968, le concours d’entrée à l’Institut Régional de L’Education Physique et Sportive, pour devenir professeur d’EPS. Lors de ce concours, elle réussit un excellent temps sur 600 m. C’est ce qui va l’orienter avec succès vers le demi-fond. Elle rejoint le club de l’ASPTT Lille, club où elle restera jusqu’en 1976 avant de rejoindre le Stade Français jusqu’à la fin de sa carrière en 1981. Très vite Marie-Françoise Fourcroy décroche, avec le relais 4 x 800 m féminin de l’ASPTT Lille, le record de France de la discipline. Cette performance s’est déroulée le 11 octobre 1970 au stade de Colombes. C’est elle qui lance le relais et accomplit son 800 m en 2 mn 18 s 4/10. Les trois autres relayeuses de l’ASPTT de Lille sont Michèle MOMBET, Danièle Verriest, Michèle Vanacker. Marie-Françoise fait honneur à la ville d’Ascq et son résultat est mentionné dans le « Cri d’Ascq », bulletin d’informations sportives de l’US Ascq (voir le site de la Société Historique de Villeneuve d’Ascq, rubrique revues/Cri d’Ascq d’octobre 1970).

À cette époque, Raymond Dubois est un jeune professeur d’EPS et aussi coureur de sprint de l’Etoile d’Oignies. Il fait la connaissance de Marie-Françoise Fourcroy. Elle lui demande s’il accepterait de l’entrainer. Non seulement il deviendra son entraineur, mais aussi son époux en 1972. C’est aussi l’année où Marie-Françoise devient professeure d’EPS, nommée dans le secteur extra-scolaire. Elle intervient dans différentes structures dans le secteur de Seclin pour enseigner le sport. Un peu plus tard, de 1975 à 1976, elle est détachée à l’INSEP à Paris où elle s’entraine de la meilleure façon possible. Puis elle revient à l’UEREPS de Lille et enfin elle est nommée professeure d’EPS à l’Université de Lille 2.

Dès 1970, Marie-Françoise progresse régulièrement et sa force de caractère et d’entrainement fait qu’elle arrive au sommet du demi-fond féminin français.

Dès 1973, Marie-Françoise Dubois réalise les minimas sur 800 m pour les championnats d’Europe de 1974 de Rome. Lors de ces championnats d’Europe, elle devient la première française à courir le 800 m en moins de deux minutes. Elle bat trois fois le record de France lors de cette compétition.

Elle gagne sa série en 2 mn 1s 2/10, termine deuxième de sa demi-finale en 2 mn 00s 3/10. Lors de la finale, la lutte est intense et tout se joue dans la dernière ligne droite. Marie-Françoise termine 4e et bat à nouveau son propre record de France en 1 mn 59s 9/10. Ce record tiendra une dizaine d’années avant d’être battu, c’est dire le niveau de sa performance.

Outre le 800 m où elle excelle, Marie-Françoise Dubois devient championne de France sur 1500 m en 1974 et sur 400 m en 1975. La même année, elle bat le record de France du 1500 m en 4 mn 08 s 6/10. Les spécialistes apprécieront !

En 1975, Marie-Françoise réalise les minimas pour participer aux Jeux Olympiques de 1976 à Montréal. Elle est au pic de sa forme. Elle s’entraine alors près de 12 fois par semaine. Le duo qu’elle fait avec son mari à l’entrainement lui donne confiance pour la suite et les Jeux. Malheureusement, du fait d’une grave blessure au genou, elle doit déclarer forfait pour les Jeux de Montréal de 1976. Avec le recul, Marie-Françoise admet qu’elle aurait peut-être dû se reposer quelques semaines au moment de la douleur mais sa motivation pour les Jeux l’incite à continuer.

Après avoir assisté aux Jeux en tant que spectatrice et avoir pris le temps de se soigner, Marie-Françoise Dubois reprend la compétition. La forme revient et elle devient championne de France du 1500 m en 1977. En 1978, une nouvelle blessure l’empêche de se préparer pour les championnats d’Europe à Prague. Cette fois-ci c’est une fracture à un pied qui la condamne à stopper sa préparation. Cet arrêt sonnera le glas de sa carrière sportive de haut niveau.

En 1980 elle donne naissance à sa fille Claire.

Si c’est terminé pour le haut niveau, Marie-Françoise continue la course à pied et pendant encore une vingtaine d’années, elle participera à des courses sur route dans la région. En 1986, son mari, Raymond Dubois, décède. Raymond Dubois s’était impliqué toute sa vie pour la course à pied. Il était entraîneur National, et a aidé Michel Bernard quand celui-ci est devenu président de la Fédération nationale d’Athlétisme. Il a entrainé une multitude d’athlètes. Enfin il a été un conseiller compétent lors de la construction du stade couvert de Liévin. La disparition de son mari est une nouvelle épreuve pour Marie-Françoise. Mais avec courage elle se relève pour élever sa fille. La famille, le sport, les ami(e)s l’aideront à passer ce cap. Elle fréquente assidument le Stadium Nord à Villeneuve d’Ascq où elle retrouve ses amis d’entrainement. Elle y amène également ses étudiants deux fois par semaine.

Les habitués des entrainements au bord du lac du Héron ont pu la rencontrer régulièrement et encore dernièrement elle marchait ou trottinait. Vous pouvez également la rencontrer au centre nautique de Babylone où elle aime faire des longueurs ou encore aux marchés d’Ascq et d’Annappes.

Marie-Françoise Dubois, née Fourcroy habite aujourd’hui à Hem. Elle s’est remariée avec Jean-Marie Lebon, ancien coureur de demi-fond de l’ASPTT Lille.

Marie-Françoise a été une « franchisseuse » de barrières comme le précisait le magazine « Athlétisme ». En effet, elle a été la première française à descendre sous la barre des deux minutes aux 800 m (1 mn 59 s 9/10 en 1974) puis la première sous les 4 mn 20 s aux 1500 m (4 mn 18 s 2/10 en 1974) et sous la barre des 4 mn 10 s aux 1500 m (4 mn 08 s 6/10 en 1975).

Marie-Françoise Dubois se souvient également d’une rencontre internationale avec l’URSS et la RFA où elle a rivalisé sur 1500 m avec Lyudmila Bragina, la meilleure au monde de l’époque, et ce n’est que dans la dernière ligne droite qu’elle a dû s’incliner.

Elle retient, de sa carrière, les joies du haut niveau avec les belles victoires, les records, les titres, avoir porté le maillot de l’équipe de France. C’est aussi d’avoir côtoyé de grands champions comme Guy Drut, Jean-Claude Nallet, Alain Mimoun, Joëlle Debrouwer, etc… Mais Marie-Françoise Dubois tient à préciser qu’elle a beaucoup aimé l’esprit de club, les entrainements en commun, les stages, les interclubs et les relais. Pour elle, il y avait une bonne ambiance avec les copains et les copines de l’ASPTT de Lille.

Enfin Marie-Françoise Dubois a été vice-présidente à la Ligue des Flandres d’athlétisme, présidée alors par Philippe Lamblin.


Merci à Marie-Françoise pour son témoignage et les photos fournies.


Rédaction : René Beugin


Sa carrière sportive en bref

De 1972 à 1978

22 sélections en équipe de France d’athlétisme

1974

Une 4e place sur 800 m aux Championnats d’Europe de Rome

Championne de France sur 1500 m sur piste en salle et en plein air

Championne de France sur 1500 m en salle

Recordwoman de France du 800m et du 1500 m

1975

Championne de France sur 400m sur piste en plein air

1977

Championne de France sur 800 m sur piste en plein air

1978

Championne de France et recordwoman de France sur 1500 m en salle

Participation aux Championnats d’Europe en salle sur 800 m

Elle bat 3 fois le record de France sur 800 m

Elle bat 3 fois le record de France du 1500 m

Elle a détenu le record de France du 1000 m et celui du 4 x 800 m

Ses records

1974

400 m : 54’’00

1975

800 m : 1’59’’87

1500 m : 4’08’’6